Le Monument de la Renaissance Africaine
Symbole de la « dignité du continent », d’une « Afrique sortant des entrailles de la terre, quittant l’obscurantisme pour aller vers la lumière », telle est la manière dont Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal, définit le Monument de la Renaissance Africaine.
« L’homme, la femme et leur enfant feront face au soleil, symbolisant l’ouverture du continent au reste du monde. C’est une force de propulsion et d’attraction dans la grandeur, la stabilité et la pérennité de l’Afrique », explique le président Wade, connu pour ses idées panafricanistes. Cependant, aujourd’hui, le monument divise. Retour sur les raisons principales qui divisent un pays.
À quoi ça ressemble ?
Haut de 52 mètres et réalisé en cuivre et en béton, le Monument de la Renaissance Africaine met en lumière un homme aux muscles saillants jaillissant du cratère d’une des collines des Mamelles, sur laquelle il est apposé. Torse nu, il porte sur son bras gauche un enfant dont le doigt pointe vers le futur, tout en enveloppant, de l’autre, une femme. Pour accéder au monument, il faut monter un grand escalier de 198 marches permettant d’atteindre le 15ème étage. Il est possible de parvenir jusque dans la tête de la statue de l’homme, qui offre une vue panoramique sur tout Dakar et sur l’Atlantique.
La construction du monument a pris huit ans et a été attribuée à l’architecte Pierre Goudiaby Atepa. Inauguré le 3 avril 2010, date du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Sénégal, en présence de nombreux présidents du monde entier, il est visitable et comporte plusieurs expositions retraçant l’histoire de célèbres personnalités noires qui ont marqué l’histoire, mais également d’individus importants dans l’histoire du pays.
Controverse
Si certains voient en ce monument un emblème, plus du Sénégal, de l’Afrique toute entière et de sa puissance, d’autres critiquent sa construction alors que le pays connaît une crise économique importante. Certain·e·s sénégalais·e·s dénoncent les coûts colossaux qui ont été entrepris pour l’installation de la statue. La question du financement de la statue et de l’influence communiste qu’elle suggère posent problème, alors qu’elle serait, pour certain·e·s, inspirée du style néo stalinien que l’on pourrait voir dans les régimes autoritaires de l’URSS. Aussi, la Corée du Nord ayant été désignée comme maîtresse d’œuvre de la structure, engageant des ingénieurs Nord-Coréens pour travailler sur sa réalisation, suscite de nombreuses réactions, et des manifestations ont lieu au Sénégal pour protester contre le président au pouvoir et contre la statue érigée. D’autres, défendant des valeurs féministes, questionnent la place inférieure attribuée à femme de la statue qui se situe derrière l’homme, quand certain·e·s autres encore, interpellent sur la longueur du pagne de cette femme et défendent un accoutrement plus décent.
La statue a pour rôle de représenter le pays, en rendant ses habitants fiers, en lui permettant également de rayonner grâce à sa richesse culturelle. Cependant aujourd’hui, le Monument de la Renaissance Africaine se place comme un objet de division plutôt que d’unité chez les dakarois, et les sénégalais plus généralement.
Jade Chauveau et Nayé Dramé