L’art pour tous : un voyage à travers les graffitis de Dakar

Plus d’une centaine d’artistes locaux et internationaux ont transformé le paysage urbain du quartier de La Médina avec la conviction de rendre l’art plus accessible.

 

Photo : Stéphanie Condis // Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PXRjkj2XwTU

Au cœur de Dakar se trouve le quartier populaire de La Médina, qui est non seulement l’un des plus anciens quartiers de la capitale sénégalaise, mais aussi une galerie de street-art à ciel ouvert. Il suffit de quelques minutes de promenade dans ses rues, qui ont d’ailleurs vu grandir de grands artistes comme l’écrivain Boubacar Boris Diop ou le chanteur Youssou N’Dour, pour assister à un spectacle coloré qui reflète non seulement l’héritage culturel, mais aussi la réalité actuelle de sa communauté.

À ce jour, plus d’une centaine d’artistes ont participé à ce projet, que Mamadou Boye Diallo, dit Patin, a lancé en 2010 avec son organisation Yataal Art, qui signifie « élargir l’art » en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal. Et c’est précisément l’objectif principal de l’association : sortir l’art des musées et l’intégrer dans la vie quotidienne des gens. « L’art que l’on défend est un art vivant. L’après-midi, les habitants sortent devant les fresques pour partager le thé, c’est devant ces œuvres que les gens baptisent leurs enfants, qu’ils se marient… Ce sont des murs qui racontent une histoire », a expliqué Patin dans une interview pour Jeune Afrique.

Ce musée à ciel ouvert vise également à offrir une vitrine aux nouveaux talents du quartier et un moyen de préserver l’architecture historique de la zone, actuellement menacée par les nouveaux bâtiments qui peuplent la capitale. 

Diablos, l’artiste montant du street-art Dakarois

Parmi ces nouveaux artistes de rue : Diablos. A 33 ans, le dakarois est devenu un des graffeurs emblématiques de la scène sénégalaise. Originaire de La Médina, Maguette Traore de son vrai nom, a puisé toute son inspiration dans les rues de ce quartier populaire, où il a passé toute son enfance. S’il a commencé l’exercice du graffiti sur des black books, carnet de croquis à la couverture noire rigide utilisé par les graffeurs pour dessiner des graffitis, c’est sur les façades des maisons que le membre du collectif Yataal Art s’épanouit aujourd’hui. Son objectif : redorer les murs du quartier où il a grandi et offrir un meilleur cadre de vie. « L’art que l’on fait, ce n’est pas pour nous, c’est pour tout le monde. Quand on voit que les murs sont peints, colorés, ça donne envie de vivre », déclarait Diablos dans un entretien pour TV5 Monde en 2021. Et d’ajouter : « Ce que l’on veut, c’est apporter de la positivité dans le quotidien des Dakarois. Et c’est seulement à La Médina que l’on trouve ça ! »

Sa démarche est toujours la même : il rencontre les habitants de la maison qu’il veut peindre, leur explique son idée et lorsqu’ils la valident, il peint, sous le regard des passants. Ce type de projet est souvent bien reçu par les habitants du quartier, qui n’ont pas les moyens d’entretenir et de repeindre les murs des bâtisses en mauvais état. Une initiative qui permet donc aux artistes de l’association de donner un coup de fouet aux murs ternes et écaillés du quartier de La Médina tout en exposant leur art.

Artiste autodidacte, Diablos affirme dans sa peinture la puissance d’un street-art primitif noir. Il a créé sa propre rhétorique picturale animée de motifs Adinkra et de signes africains afin de narrer son histoire, celle de ses proches, de son quartier.

 

Maria Carvajal et Alessia Eleni dit trolli