Pierre Soulages et Léopold Sédar Senghor : coup de foudre intellectuel

“La première fois que je vis un tableau de Pierre Soulages, ce fut un choc. Je reçu, au creux de l’estomac, un coup qui me fit vaciller, comme le boxeur touché qui soudain s’abîme. C’est exactement la sensation que j’ai éprouvé à la première vue d’un masque « Dan ». Ce n’est pas un hasard, les peintures de Soulages me rappellent toujours les peintures, voire les sculptures négro-africaines. C’est le même mépris de toute vaine élégance, la même évidence qui s’impose, la même saisie du spectateur à la racine de la vie.”  – Léopold Sédar Senghor, Lettres Nouvelles 1958.

Pierres Soulages et Léopold Sédar Senghor entretenaient une amitié qu’on pourrait presque qualifier de coup de foudre intellectuel. Léopold l’explicite en ces termes : “Les peintures de Soulages me rappellent toujours les peintures, voire les sculptures négro-africaines. C’est le même mépris de toute vaine élégance, la même évidence qui s’impose, la même saisie du spectateur à la racine de la vie”. Le mystère autour de leur rencontre reste entier. Initié à l’art moderne par son ami Georges Pompidou, qui l’emmène à la découverte des œuvres dans les musées et les galeries d’art, Senghor a justement pu voir celles de Soulages lors d’une exposition à la galerie de France, en 1956. Dès cet instant, Léopold Sédar Senghor essaie de comprendre la démarche artistique de Pierre Soulages. Comprenant que la poésie est la clé de son travail, il ira jusqu’à partager son analyse dans un article en 1960. Alors passionné par le travail de Pierre Soulages, Léopold Sédar Senghor aide à créer une exposition autour de son travail, en 1974 au musée dynamique de Dakar.

Affiche d'exposition

Dans ce tableau, qui réunissait le politicien Senghor et l’artiste Pierre Soulages, “On retrouve dans cette œuvre une technique que le peintre a adoptée en 1953, délaissant ses étroites bandes continues pour tracer à la brosse de larges touches rectangulaires, juxtaposées à l’horizontale et à la verticale. Leur densité se concentre en partie haute, alors que de sombres lignes descendantes traversent le fond clair encore bien visible au bas de la composition, comme le faisaient ses brous de noix de 1947. La dynamique de l’œuvre naît de cette opposition, tandis que sa puissance tient dans la force de ses touches. Brique après brique, elles confèrent à l’œuvre l’aplomb d’une architecture.” 

Pour rendre hommage à leur amitié jusqu’au 10 mars 2023, les villes de Cannes et Dakar présentent une exposition inédite. Les villes créatives UNESCO jouent le court-métrage “Éclairer la nuit, Soulages et Senghor” d’Anna Camille Charliat. C’est un court-métrage qui raconte leur relation suivi par une conférence sur leur lien, à la fois humaniste et solidaire. Leur relation a amené une relation forte entre les deux pays. 

 

Anna Henson et Elisa Lamotte 

Léopold Sédar Senghor © Archives Gérard Bosio
Pierre Soulages devant l’un de ses tableaux.