Photographie: Enfants de Paraisopolis par Hervé Théry, 2012
Voyage d’étude RIO 2025, par Manon Pierre / Manon Flauraud

« La puissance symbolique et didactique de l’image l’emporte grâce à sa grammaire visuelle simple. »
La Ségrégation Socio-Spatiale au Brésil : Le Cas de Paraisópolis
Au cœur de São Paulo, l’une des plus grandes villes du Brésil, se trouve Paraisópolis, l’un des quartiers les plus pauvres de l’agglomération. Ce lieu, souvent décrit comme une favela, est un exemple frappant de la ségrégation socio-spatiale qui caractérise la ville et, plus largement, le pays.
Paraisópolis a acquis une notoriété internationale grâce à une photographie aérienne oblique qui montre, de manière saisissante, une partie de ce bidonville, avec, juste à côté, un imposant immeuble de luxe, où des piscines ornent chaque balcon. Cette image, en apparence simple, capte les contrastes profonds et les inégalités criantes qui déchirent la ville. La situation à Paraisópolis est emblématique de la dure réalité des favelas de São Paulo. Avec une densité de population de 1 000 habitants par hectare, ce quartier lutte contre des conditions de vie précaires : seulement 25 % de la population a accès aux égouts, la moitié des rues sont en terre battue, et près de 60 % des habitants se fournissent en électricité de manière illégale. Cette photographie souligne les difficultés auxquelles ces communautés font face quotidiennement, souvent invisibles aux yeux des autres habitants (plus riches) de la ville.
Cependant, la célèbre photographie de Paraisópolis, bien qu’elle ait attiré une attention accrue sur la favela, n’en rend que partiellement compte. L’image ne représente pas exactement la réalité de la cohabitation entre riches et pauvres. Aussi frappante et symbolique soit-elle, elle semble simplifier la complexité des rapports sociaux et urbains
Elle met en lumière la ségrégation visible qui existe à São Paulo, où les riches et les pauvres sont séparés non seulement par des murs physiques, mais aussi par des espaces de vie aux conditions diamétralement opposées. La ville, avec ses contrastes saisissants, rappelle que l’écart entre les différentes couches sociales se reflète directement dans son architecture et son urbanisme.
Il est aussi intéressant d’évoquer ce que cette photographie reflète. En effet, on peut apercevoir au premier plan, de jeunes enfants, montrant une certaine innocence quant à leurs âges. Les enfants semblent s’amuser malgré les circonstances, démontrant ainsi un message d’espoir également soutenu avec le cerf volant (celui-ci agit comme une métaphore).
Dans ce cadre, la question de la ségrégation socio-spatiale reste plus que jamais d’actualité, et la ville de São Paulo, avec ses favelas et ses quartiers luxueux, continue de servir de miroir aux fractures sociales qui divisent le pays. Et c’est également le cas pour la favela Rocinha, se situant au Sud-ouest de Rio de Janeiro.