Fundição Progresso, Estudeo Funk – La valorisation du funk carioca
Le lundi 31 mars, à 16h30, nous nous sommes rendus à la Fundição Progresso, centre culturel, salle de concert, espace d’exposition et résidence artistique emblématique, située dans le quartier de Lapa à Rio. L’espace se trouve dans d’anciens hangars industriels, aux activités séparées. Parmi celles-ci : une ancienne usine de poêles, la Fábrica de Fogões Progresso, mais aussi une entreprise qui concevait des cloches. Notre interlocutrice, Vanessa Damasco, directrice générale du programme EstudeoFunk, témoigne : “maintenant, nous y fabriquons de l’art”.
Sur place, cette dernière nous présente donc EstudeoFunk, une initiative visant à promouvoir la culture du funk carioca. Le programme offre une résidence artistique aux danseurs, chanteurs, rappeurs, producteurs, chorégraphes et autres artistes de la scène musicale, porteurs de projets ; tout en leur fournissant les ressources nécessaires à leur création : des lieux pour s’exprimer (espaces pour danser, matériel avec des agrès, des tapis…), des rencontres avec d’autres artistes, mais aussi des cours de danse, de création artistique, et des séances en studio d’enregistrement. EstudeoFunk forme ainsi de nouveaux artistes, produit des albums, et organise des spectacles dynamisant la scène musicale de Rio de Janeiro, et renforçant les racines du funk au niveau local. Lors de notre visite, nous avons pu observer une compagnie de cirque en plein cours, ainsi que des danseurs qui se préparaient pour une future représentation. Nous avons également fait un tour des lieux, passant notamment par une rapide visite des studios d’enregistrement. Le lendemain, nous avons eu le privilège d’assister à une représentation prenant la forme d’une battle entre les artistes résidents. Ceux-ci passaient chacun leur tour, et montraient leurs talents de danseur, de chanteur ou autre, devant un public déchaîné et un jury qui effectuait un retour directement après la prestation.
Concernant le processus de recrutement de la Fundição Progresso, Vanessa nous explique que celle-ci fait des appels à candidature, et choisit ensuite les artistes avec lesquels elle souhaite travailler : “cela se fait un peu au feeling, et aussi si les calendriers concordent”, dit-elle. Elle relate par la même occasion les problématiques budgétaires du centre : “nous avons les mêmes problèmes que les autres centres culturels, nous courons après l’argent {…} les sponsors et la billetterie nous permettent de maintenir l’espace, mais nous avons très peu de sponsors”. Elle lie ces difficultés à la période Covid, qui a profondément impacté le secteur culturel, et les a poussé à chercher l’économie : “Avant la crise, nous avions un agenda d’évènements très rempli. Malheureusement, nous avons dû décider d’en faire moins, car nous perdons beaucoup d’argent sur certains shows {…} il y a en effet des artistes qui vendent beaucoup en streaming, et au final nous avons la mauvaise surprise de découvrir qu’ils vendent beaucoup moins en tickets pour un concert”. Vanessa Damasco évoque également le lien fort qui existe entre la fondation et la France : “Dès que le centre est apparu, nous avons eu de nombreux échanges avec la France, en organisant notamment des spectacles portant sur l’histoire de France ou alors des fêtes de la musique {…} quand la France devait collaborer avec le Brésil, cela se matérialisait ici”. La directrice du programme, à l’évocation de ce glorieux passé, nous exprime son espoir que de tels échanges se reproduisent dans le futur.
En somme, la Fundição Progresso et le programme EstudeoFunk, en soutenant la création artistique, en accompagnant les talents, en proposant un lieu de rencontre, d’apprentissage et d’expression, incarnent un engagement fort et local pour la valorisation du funk carioca. Le centre agit ainsi comme un acteur culturel majeur de la ville de Rio, et cela malgré des difficultés de moyens et de soutien. Les impacts de ces embûches sont atténués par la vitalité de l’espace et l’énergie des artistes qui s’y expriment. Nous avons eu la chance d’observer cela lors de notre rencontre avec Vanessa Damasco et lors de la battle du lendemain, témoignant de ce lieu d’expérimentation et de partage artistique.