L’héritage du métissage culturel dans l’âme du carnaval de Rio 

par Falone N’KOKO et Divina NGOMA 

Le Brésil, un pays métissé dû à son histoire. Le carnaval, rythme de ce pays, né d’un brassage de cultures s’exprimant à travers la danse, la musique et les costumes. 

Carnaval, Carne Vale, adieu à la viande ? 

Introduit par les colons portugais au XVIIe siècle, le carnaval de Rio s’est tenu en 1840 pour la première fois, les participants dansèrent la polka et la valse et non pas la samba qui ne fut introduite qu’en 1917. Il a d’abord été une fête inspirée des carnavals européens, où les élites se masquaient et défilaient dans les rues. Le carnaval avait pour signification le début du Carême chrétien dont le nom “Carnaval” que beaucoup traduisent “Carne Vale” soit, “adieu à la viande”.

En raison de la traite négrière et de l’arrivée massive d’esclaves africains, les rythmes et danses d’origine africaine, notamment la samba, ont progressivement transformé cette célébration. La culture indigène a également laissé son empreinte à travers l’utilisation de plumes, de couleurs vives et de représentations rituelles. Ce mélange unique de traditions européennes, africaines et indigènes ont donné naissance à un carnaval vibrant, reflet d’une identité brésilienne multiculturelle. 

L’expression du métissage à travers la musique, la danse et les costumes. 

À travers cette tradition, chacun de ses aspects témoigne du métissage brésilien et de la rencontre entre les cultures africaine, européenne et indigène qui s’exprime pendant le carnaval. 

La musique, qui est principalement la samba. Ce genre musical issu de rythmes africains amenés par les esclaves. Les instruments utilisés qui l’accompagnent sont aussi un mélange eux-mêmes de mélanges culturels : la cuíca, le tamborim, les surdos et repiques étant des percussions d’origines africaines et le Cavaquinho ou violão d’origine portugaise, qui accompagnent la samba. 

La danse illustre également la fusion des différentes influences culturelles, surtout à travers les mouvements : d’une part l’isolation du bassin et mouvement rapide des pieds, hérités des danses de l’Afrique de l’Ouest comme la capoeira qui bien qu’elle soit un art martial, partage des similitudes avec la samba, la gestuelle fluide, l’improvisation et les percussions. D’autre part une posture droite et élégante influencée par la danse européenne. Les costumes mêlent des symboles européens, africains et indigènes. Les masques, déguisement à paillettes et broderies rappellent les carnavals vénitiens et français du XVIIIe siècle, connus pour être des événements aristocratiques. Les tissus et perles colorés évoquent les couleurs de l’Afrique. Certains costumes font aussi référence aux divinités africaines. Enfin, les plumes et les peintures corporelles sont des héritages des peuples autochtones et indigènes et la symbolique de la nature que l’on retrouve parfois sur des costumes est liée à des croyances animistes. 

Aussi, il est important de mentionner que les chars sont utilisés pour revendiquer ce métissage culturel. Certaines écoles de sambas célèbrent leur identité ethnique grâce à cela. 

À titre d’exemple, les chars rendant hommage aux divinités Afro-brésiliennes – les orixás, ou encore ceux qui représentent des animaux tels que le jaguar – animal sacré pour les peuples indigènes qui le considèrent comme protecteur de la forêt amazonienne. 

La musique, la danse et les costumes du carnaval de Rio sont bien plus que du spectacle, ils racontent et représentent l’histoire du métissage brésilien. Cet événement annuel est le résultat d’un héritage multiple et une célébration de l’identité brésilienne.

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