Le MAC Niteroi – Un parfait exemple d’ancrage territorial et de relation avec les publics
Le mercredi 2 avril, à 15h, nous nous sommes rendus au Musée d’Art Contemporain de Niterói, situé dans le quartier de Boa Viagem, en face de Rio de Janeiro, dans l’État du même nom. Semblable à une soucoupe volante, le musée est l’œuvre de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer (renommé mondialement, il est notamment le réalisateur du siège du PCF, situé à Colonel-Fabien dans le 19e arrondissement de Paris), assisté de l’ingénieur Bruno Conrini. Ouverte en 1996, après 28 années de travaux, la structure fait 16 mètres de haut, et domine la baie en se reflétant dans une piscine-miroir de 817m2. Autour du musée, une place de 2 500 m2 est aménagée et permet ainsi de bien dégager la silhouette de l’édifice. Le MAC présente des collections régies par un marqueur temporel : seuls des artistes encore vivants sont exposés.
Sur place, nous faisons la connaissance de Marcia Campos, responsable de la médiation culturelle du musée et de la relation aux publics. Celle-ci commence par relater l’histoire de l’édifice. Propriété de l’administration publique de la ville de Niteroi, le site est construit afin d’abriter une grande collection d’art contemporain brésilien, dans l’objectif de faire connaître la ville dans le monde entier. Le projet s’inscrit ainsi dans une logique de valorisation du patrimoine local. Le MAC a d’ailleurs été érigé sur un site naturel d’exception, offrant une vue panoramique sur la baie de Guanabara et le Mont du Pain de Sucre. L’idée d’Oscar Niemeyer a donc été de ne pas dénaturer ceci, et de faire du lieu un espace de contemplation, en conservant l’ancrage dans le paysage. L’entrée de la coupole est gratuite et libre : tout le monde peut y accéder pour admirer la vue, se relaxer, lire etc… Il n’est pas nécessaire de visiter le musée pour y aller. Les grandes baies vitrées et les banquettes qui ceinturent l’espace encouragent l’observation, la rencontre et la réflexion. En guise de témoignage de ce bon accueil, on pénètre dans les lieux par une longue rampe d’accès menant au hall des expositions, vêtue d’un beau tapis rouge, visant à donner la sensation à tout le monde qu’il est invité de marque, un être particulier. Il y a ainsi un souci pour le musée de soigner son rapport au public, et un réel “besoin du public, de travailler avec lui” témoigne Marcia Campos. La médiation culturelle prend en effet une importance toute particulière, et est un des principaux objectifs du MAC. Des scolaires sont régulièrement accueillis, et constituent le plus important public du musée. Dans cette logique d’accessibilité, une annexe du MAC, le Macinho, a été créée dans la favela située en face du musée. Elle illustre la volonté de décentralisation et d’inclusion portée par l’institution. Cette structure fonctionne de manière autonome et propose actuellement sa propre exposition photo.
Notre rencontre avec Marcia Campos s’est poursuivie par une visite de l’exposition temporaire, portant sur le thème de la relation à l’infini. Y sont ainsi présentés divers tableaux, mais également un alignement de statuettes, reprenant des symboles nationaux et questionnant les persécutions et la récupération de certaines icônes. A cette occasion, nous avons fait la rencontre d’un membre de la production culturelle du musée (qui travaille sur la production et l’agencement des expositions, sur la conservation des œuvres), mais aussi du directeur du MAC. Ce dernier a souligné la dimension politique de son rôle et l’importance qu’il accorde à la médiation culturelle comme vecteur de lien avec les publics.
Le MAC Niteroi incarne ainsi une vision profondément engagée de l’institution muséale. Le site n’est pas qu’un espace d’exposition : pensé comme un lieu d’échange, et intégré dans la géographie locale ; il crée les conditions nécessaires à la rencontre entre l’art, le territoire et ses habitants. Par son architecture et son Macinho, le MAC affirme sa conception d’une culture accessible à tous, et valorise le patrimoine local. Le musée démontre ainsi que l’ancrage territorial ne se pense pas que dans des dimensions physiques, mais aussi par des initiatives fortes de lien et de dialogue avec les publics.