Zorro, une légende californienne

« Un cavalier, qui surgit hors de la nuit,

court vers l’aventure au galop.

Son nom, Il le signe à la pointe de l’épée,

d’un « Z » qui veut dire « Zorro ». »

C’est ainsi que le générique de la série Zorro de 1957 produite par Walt Disney avec Guy williams et Johnston McCulley dans les rôles du célèbre justicier masqué et de l’inoubliable Sergent Garcia a marqué des générations entières de spectateurs. Pour moi, elle incarne assurément mon premier contact avec la Californie. Cette série et son générique mythique, diffusées sur France 3 pendant 11 ans, entre 2008 et 2019 ont bercé la grande majorité des dimanches soir de mon enfance. 

Pourtant, si l’on met de côté la nostalgie et les qualités, pour certains discutables, de la série, il est intéressant de voir ce qu’elle nous dit, à travers la légende de Zorro, de la Californie actuelle, de son histoire, de sa culture et de son identité.

Symbole du passé colonial californien  

Pour bien comprendre comment Zorro est imprégné par l’histoire de la Californie, il faut d’abord revenir aux sources de notre héros. Zorro (allias Don Diego de la Vega) est un personnage de fiction apparu pour la première fois en 1919 dans Le Fléau de Capistrano, une histoire de Johnston McCulley publiée en cinq parties dans le magazine américain All-Story Weekly. C’est un justicier masqué vêtu de noir qui combat l’injustice en Californie espagnole au XIXe siècle. Secondé par Bernardo, un personnage muet, et par Tornado son cheval noir qui est doté d’une intelligence hors du commun. 

Pour donner naissance à Zorro, Johnston McCulley se serait inspiré de plusieurs personnages ayant vraiment existé, le plus célèbre étant, Joaquin Murietta, un bandit qui s’est battu contre la domination économique et culturelle des Anglo-Américains en Californie dans les années 1850. 

Évidemment, la Californie montrée dans la série Disney n’est pas celle d’aujourd’hui. La série nous plonge dans le Los Angeles des années 1820. A ce moment-là, la Californie n’est qu’une lointaine périphérie de l’Empire espagnol, avant qu’elle ne devienne en 1821, la province d’un Mexique tout juste indépendant. 

Il est important de souligner que le feuilleton de Johnston McCulley s’inscrit aussi dans le mouvement artistique et architectural du Spanish Colonial Revival (« style renouveau colonial espagnol »). Ce mouvement vise à valoriser l’héritage espagnol de la région, en dépit de la période mexicaine (1821-1848) qui y est évoquée comme une période de décadence et de désordre.

Dès lors, si la série s’inspire effectivement de faits réels, elle s’inspire avant tout de la connaissance qu’avaient de leur passé « espagnol » les Californiens du début du XXe siècle, citoyens des États-Unis depuis que le Mexique leur céda l’État en 1848. 

Ce contraste entre, d’un côté, la valorisation de l’héritage espagnol de la région et , de l’autre, le désordre de la période mexicaine est visible dès le premier épisode de la série Disney. Nous sommes en 1820 lorsque le capitaine du bateau qui ramène le jeune Don Diego de la Vega en Californie (interrompant un séjour d’études en Espagne) l’avertit : les temps ont changé, et ce n’est pas une bonne nouvelle. La tranquillité de la douce Californie pastorale est perturbée par l’arrivée de nouveaux gouvernants. 

Par la suite, la série met en scène des gouverneurs ou des commandants corrompus, qui ne cherchent qu’à s’enrichir sur le dos de l’Église et des Amérindiens, maltraitant tous les Californiens qui résistent à cette forme de tyrannie. Ainsi, à travers ses aventures, Zorro, permet de transmettre au public une histoire rassurante et de mettre en avant les valeurs défendues par les États-Unis : la défense de la liberté contre la tyrannie et le désir de l’exporter au reste du monde. 

Une marque indélébile

Zorro est donc profondément ancré dans l’histoire et la culture californienne dans la mesure où ses aventures s’inscrivent dans une vision romantique de la Californie espagnole coloniale. Cette connexion avec l’histoire de la Californie en fait une figure emblématique de la région en tant que symbole de résistance et de lutte contre l’injustice. 

Son influence ne se limite pas seulement aux frontières de la Californie tant la série Disney a marqué des générations entières de spectateurs. On ne compte plus aujourd’hui le nombre de héros ou de super-héros contemporains comme Batman, qui portent en eux l’influence et la marque indélébile de cette légende proprement californienne. Cette marque, le justicier masqué préféré de la Cité des Anges, l’a signée de la pointe de l’épée, d’un « Z »qui veut dire… »Zorro ». 

Nolan Cottereau

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *